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15e salon des livres de femmes : Brigitte Joseph-Jeanneney

Brigitte Joseph-Jeanneney, veuve de Thierry Joseph et mère de trois enfants, est la fille de Jean-Marcel Jeanneney (1910-2010), homme politique et économiste français.

Ancienne élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d'administration (promotion Voltaire), elle a été assistante à l'Université d'Alger (1974-1976) membre de l'Inspection générale des affaires sociales, secrétaire générale du musée d'Orsay (1986-1989), administratrice générale du musée du Louvre (1991-1997), conseillère technique pour la culture au cabinet du Premier ministre Lionel Jospin (1997-2001), directrice à la Ville de Paris (2001-2010). 

Elle est l'auteure d'un témoignage, "Autour du malade, le cancer : dire ou ne pas dire ?" (2000).

"Ça s'appelle aimer" (Triartis, 2015), son premier recueil de nouvelles est suivi par un roman, "Nocturne au Louvre", paru en 2017 (Cohen&Cohen) et par deux autres recueils de nouvelles "Lignages" (2016) et "Peurs silencieuses" (2018).

Elle présente

Cette autographie fictive, nourrie d’archives inédites, du journal et des lettres de Marie Octave Monod, se fait l’écho d’une forte personnalité qui fut confrontée à deux guerres et à de douloureuses épreuves personnelles. Une voix singulière qui nous parle, nous éclaire, nous bouleverse. Il constitue aussi le témoignage précieux d’une vie de femme, au tempérament fort et généreux, une femme soucieuse de « rester maîtresse de sa vie », d’imprimer sa marque. Situation rare dans cette génération de femmes : Marie Octave Monod, née en 1876, a su garder tout au long de sa vie sa liberté d’action et de création, exister par elle-même. Tout en restant profondément attaché à son mari, collaborateur de Marie Curie. Elle n’a eu de cesse de défendre la cause des femmes, de lutter pour leur accès aux études et aux professions supérieures, de prévenir la prostitution. Inspirée par un féminisme pragmatique et tenace, douée d’un tempérament à la fois ardent et mesuré, elle posa ainsi les premiers jalons de leur émancipation. Historienne, Marie Octave Monod est l’auteure d’une biographie de Daniel Stern, où elle met en valeur l’indépendance d’esprit et de cœur de la comtesse d’Agoult. Foncièrement républicaine, progressiste, elle fut dreyfusarde à 20 ans, et fervente de Clemenceau toute sa vie, dont elle s’attacha à honorer la mémoire.

Marie Octave Monod retrace l’existence de Marie d’Agoult, femme de lettres du XIXe, dont l’histoire a occulté le travail prodigieux. Comme son amie George Sand, elle choisit de publier sous pseudonyme masculin. Marie d’Agoult devient Daniel Stern, pour un lectorat passionné par ses romans mais également ses essais et traités historiques. Républicaine convaincue, elle tient un salon où se rejoignent de grands intellectuels de l’époque tels que Ledru-Rollin et Lamartine. Marie Octave Monod s’intéresse également à la vie privée de Marie d’Agoult, de sa liaison passionnelle avec le compositeur Franz Liszt, au mépris de ses contemporains comme Victor Hugo en passant par ses célèbres amitiés et son admiration pour Goethe. C’est avec une grande rigueur qu’elle retrace le portrait d’une femme passionnante, au caractère complexe et à l’œuvre magnifique.

« On entrera pleinement dans ces pages si l’on y cherche moins un récit distancié qu’un échange, parfois explicite, toujours sous-jacent, entre deux femmes d’élite que séparent trois ou quatre générations. […] Le fil directeur? Celui qui court au long des biographies les plus efficaces et les plus chaleureuses: débusquer, apprécier, restituer ce qu’un être humain peut faire de grand ou de fort dans les limites que les hasards de sa naissance, de ses rencontres, des tumultes de son époque imposent à son libre arbitre. Ainsi se dessine le chemin d’une jeune femme qui semblait tracé d’avance par les conventions de son milieu : tout à la fois enrichi d’influences internationales et enserré dans des conventions desséchantes, parmi les rituels figés de la Restauration et de sa cour. Sur quoi surgit l’essentiel : cette passion qui l’arrache à un foyer morose, cet amour torrentiel pour Franz Liszt qui la porte hors de toutes les séries, brouille toutes les lignes et la pose définitivement en haute figure romantique. Et cela jusque dans l’issue désolée, quand elle découvre, selon ses propres termes, que “le Bonheur et le Génie sont deux ennemis inconciliables”.» Jean-Noël Jeanneney

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