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15e salon des livres de femmes : Karin Müller

Auteure, germaniste d’origine norvégienne, fille d’un critique d’art ami de Vasarely, Soto, Cruz-Diez, Hartung, Soulages, Sonia Delaunay etc, collectionneuse d’art contemporain, Karin Müller collabore avec la Galerie Gimpel & Müller, 12 rue Guénégaud (Paris 6e) dirigée par son mari, Berthold Müller et leur fils aîné Gabriel.

Après avoir brièvement enseigné l’allemand, elle se tourne vers l’écriture par le biais de la traduction du norvégien et du danois pour les éditions du Père Castor (Flammarion). Puis elle écrit “à quatre mains” avec Jean Lacouture et Dominique Desanti avant de commencer des biographies “vivantes” à la première personne, facilement adaptables pour la scène : Nicolas de Staël, l’enfant de l’étoile polaireSimone de Beauvoir, douée pour le bonheurLever de rideau sur Edward HopperMétamorphoses de Matisse, Van Gogh, pour planer au-dessus de la vie

Elle publie en octobre 2014 Quand l’ART est pris pour cible où elle recense 101 agressions contre des peintures, sculptures, monuments… à travers les siècles et les pays.

 

Elle présente

« Je t’embrasse de tout coeur, toi, Paris, toute la ville et ton pays tout entier. Je vous aime plus profondément, plus désespérément que je ne vous ai jamais aimés » écrivait

Nicolas de Staël à son ami René Char en 1953, un an avant de se jeter dans le vide.

Né à Saint-Pétersbourg en 1914, Nicolas de Staël von Holstein a cinq ans lorsque sa famille fuit la Russie pour se réfugier en Pologne. Après la mort de leurs parents, Nicolas et ses soeurs sont accueillis par des amis en Belgique. Après des études aux Beaux-Arts de Bruxelles, il voyage en Espagne, au Maroc, en Italie où il se nourrit du spectacle de la nature, de la lumière et de leurs contrastes.

En 1943, il s’installe définitivement en France et se lance dans l’aventure de l’abstraction avec l’intuition que “sa vie [sera] un continuel voyage sur une mer incertaine”.

Pinceau des mots à la main, au plus près de son sujet, Karin Müller raconte à la première personne le destin fulgurant de ce peintre intransigeant et généreux, ami des surréalistes, de Kandinsky, Braque, Lanskoy, Magnelli, Sonia Delaunay et bien d’autres, que le succès et la reconnaissance tardive n’empêcheront pas de mettre fin à ses jours à l’âge de 41 ans.

Un texte magistral à la hauteur du génie de Nicolas de Staël.

Le peintre foudroyé laisse plus de mille tableaux peints dans l’urgence des malheurs, privations, souffrances et bonheurs traversés.

« Jamais je ne vivrai la vie ordinaire et monotone de ma mère. Jamais je n’accepterai ce destin de femme soumise à un homme. J’aurai un travail et je gagnerai ma vie. »

Écrire une biographie de Simone de Beauvoir à la première personne, évoquer sa vie quand elle n’a cessé de se raconter dans ses romans, essais ou autobiographies, il fallait oser.

Karin Müller relève aisément le défi et provoque une véritable rencontre entre le lecteur, la femme et l’œuvre. Née à Paris dans une famille bourgeoise désargentée, Simone de Beauvoir est reçue deuxième à l’agrégation de philosophie derrière Jean-Paul Sartre, son futur compa- gnon. Elle refusera le modèle imposé aux femmes : se marier et élever les enfants. Leur couple rebelle, audacieux, est toujours mythique aujourd’hui. La vie de cette romancière, mémorialiste et philosophe, est racontée de sa naissance en 1908 à sa mort en 1986. À force de travail et de détermination, cette féministe est devenue un symbole de courage et d’émancipation.

Paul Nizan, Merleau-Ponty, Boris Vian, Albert Camus, Giacometti, Juliette Gréco, Gisèle Halimi croiseront sa route. L’amitié est essentielle, tout comme l’amour : Jean-Paul Sartre, Nelson Algren, Claude Lanzmann la chériront.

Son chemin, parsemé d’embûches, sera sa quête de la liberté. « Femmes, vous lui devez tout ! » dira Elisabeth Badinter lors de ses obsèques.

Sur scène, ce texte est magistralement interprété par Marie Christine Barrault.

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